Première sortie chez Sandawe
Posté par We Do BD
Vous le savez, le Festiblog est axé sur la bande dessinée du web gratuite. Cela ne nous empêche pas de regarder ce qu'il se passe à coté. On vous signale donc la sortie de maître corbaque, premier album en crowd-funding publié par Sandawe. A cette occasion, on a posé quelques rapides questions à Patrick Pinchart, le fondateur...
Ca se prononce comment, Sandawe ?
Comme Zimbabwe.
Drôle de nom, non ?
Oui, mais pour une maison d'édition communautaire, quel joli choix ! C'est celui d'une ethnie de Tanzanie pacifique où tout se décide en commun, tout se partage, ayant un immense respect pour les femmes et les enfants… et dont le langage est fait de "clics" comme dans "Les Dieux sont tombés sur la tête". Pour une communauté qui fonctionne sur internet, donc par clics sur des liens, que pouvait-on trouver de mieux ? Même si le nom est imprononçable pour les non-initiés.
Quel est le principe ?
Nous voulions mettre les auteurs de BD et leurs lecteurs en contact afin de faire financer les projets des premiers par les seconds. Sans qu'un éditeur choisisse pour eux.
Il faut dire que, dans l'édition BD, ça ne s'était jamais fait. Il y avait bien le principe de la souscription : on demandait à des personnes de pré-acheter un livre et l'argent récolté permettait d'imprimer le nombre d'exemplaires nécessaire pour le fournir aux pré-acheteurs. Nous, on voulait aller plus loin : rassembler suffisamment d'argent pour payer les auteurs, l'impression du livre en nombre suffisant pour permettre une diffusion en librairie, la promotion ; puis, faire participer tout le monde au "buzz"… et partager les bénéfices avec les lecteurs-investisseurs (on a inventé le terme "édinautes" pour l'occasion).
Et ça a fonctionné. Les sceptiques avaient tort : nous n'étions pas nous-mêmes "tombés sur la tête". Quatre projets ont déjà été financés, dans des genres très différents, classiques ou modernes, "tout public" ou ado-adulte, gags ou roans graphiques, couleurs ou noir et blanc. Un album de gags et de récits complets qui dressent un portrait au vitriol du monde des avocats, "Maître Corbaque", est sorti ce 16 février. Près de 20 projets sont en ligne, avançant chacun à leur rythme, tandis que plusieurs frétillent déjà derrière en attendant être lancés eux aussi.
Le concept de financement participatif qui a beaucoup fait parler de lui avec le site MyMajorCompany et le succès de Grégoire-"Toi+Moi" fonctionne donc en édition de bande dessinée. Ce qui ouvre de nouveaux horizons pout les auteurs.
Pratiquement, ça fonctionne comment ?
Au départ, comme dans une maison d'édition traditionnelle. Un auteur envoie un projet d'album et un éditeur (dénonçons-le tout de suite : moi) le lit. S'il est "pro", un budget est calculé, un contrat est signé et on passe à l'étape suivante. Pourquoi cette sélection ? Pour éviter que ce soit le bordel et que les projets ayant un réel potentiel soient noyés dans une masse de projets qui n'en ont pas.
C'est à l'étape suivante qu'on se démarque d'une maison d'édition traditionnelle. Le dossier est "multimédiatisé" pour le présenter aux internautes : d'abord les planches, un diaporama ou une bande-annonce, un blog pour dialoguer avec les lecteurs et plus tard un mini-album à feuilleter en ligne ou à télécharger , une page Facebook, des outils de buzz… Le but est de faire découvrir le projet à un maximum de lecteurs, de leur montrer ses qualités et de les convaincre de financer l'album. Par la suite, nous utilisons toutes les possibilités actuelles pour le faire connaître, via Twitter, Facebook, MySpace, etc. Plus encore, comme pour les DVD, un livre-bonus à télécharger en version numérique, que l'on peut ensuite obtenir en version papier si on le désire via un imprimeur de livres en "print on demand".
N'y a-t-il pas un risque de dévaloriser le projet par un choix ne justifiant pas forcément d'une qualité artistique, un peu le problème de la Star'Ac...
Ca, c'est ce que disent les gens qui ne nous veulent pas que du bien et qui adorent nous dénigrer. Ben non, Sandawe c'est TOUT le contraire de la Star'Ac. A la Star'Ac, les gens ne font que voter, ils ne s'investissent pas. Chez Sandawe, les édinautes investissent leur argent, et ils ont donc tout intérêt à ce que l'album se vende. Car si c'est le cas, ils toucheront une partie des bénéfices et si ce n'est pas le cas, ils ne le récupéreront pas. Donc, le matériel de "buzz" qu'on mettra à leur disposition sera démultiplié par le nombre d'édinautes qui feront tout pour qu'on parle de l'album.
Ce "buzz" sera bien utile pour démarquer l'album — qui sort simultanément en version papier et en version numérique — et soutenir les libraires qui auront à l'imposer face aux Grosses Bertha marketing des best-sellers des grands éditeurs. Des libraires qui, au même titre que d'autres professionnels (journalistes et bientôt organisateurs de salons oet festivals, bibliothécaires, etc.), ont d'ailleurs leur rôle à jouer sur le site en donnant leur avis sur les projets et en conseillant les internautes. Comme ils le font dans leur librairie.
Ces conseils sont aussi donnés par des partenaires parmi lesquels Actua BD, Zoo, LaFnac.be et… le Festiblog. Comme nous travaillons un peu dans le même but — permettre à des auteurs de BD de faire connaître leur travail — on s'est dit que ce ne serait pas une mauvaise idée de faire des choses en commun.
Pour terminer cette petite introduction qui ne fait qu'introduire le sujet, si vous avez d'autres questions à poser à Patrick Pinchart, n'hésitez pas à les laisser en commentaires...