Poungi la racaille par Bastien Chanmax
Posté par We Do BD
Comme les bloggers BD et les artistes de webcomics ont du talent, on s'est dit qu'on allait vous parler de ce qui se passait au-delà du net. Voici donc la première chronique de sortie par Mike du staff du festiblog.
Publiée par les Éditions Danger Public (baptisées de la sorte en hommage à Françoise Giroud qui déclarait « L'internet est un danger public puisque ouvert à n'importe qui pour dire n'importe quoi »), Poungi est une série de recueils initialement apparue sur le web avant de connaître les joies de l’imprimerie. Poungi, c’est aussi le nom du personnage central de ces peintures urbaines visuellement très accrocheuses et aux propos plus que caustiques.
En effet, loin des empereurs marchant et des manchots dansant, Poungi est une authentique racaille de la téci, s’illustrant de son style propre dans des scènes quotidiennes toutes plus hilarantes que sarcastiques. Métro, Mac Do, Night Club et terrain de foot sont les cadres transposés de la ville à l’Arctique, où les divers protagonistes s’alpaguent et se traitent avec virulence de bien des noms d’oiseaux (pingouins, oiseaux, aaah humour).
En résumant un peu, on pourrait dire que c’est une sorte d’Ali G à la française projeté dans l’univers d’Ice-Age où les petits écureuils feraient place à des queutards à bec, et les gentils paresseux à des Grizzlis contrôleurs de la RATP. Le propos est ordurier, la critique est virulente, l’humour est explosif (voir corrosif). On ne nage pas dans la finesse mais on s'esclaffe de bon cœur. Cependant, Poungi ne fait pas l’unanimité.
Un certain degré de lecture en amène quelques uns à penser qu’il s’agit même là d’un concentré de poncifs malveillants, entrainant des mini-débats sur certains blogs. Cette critique est d’autant plus nourrie par la reprise de certains dessins par des blogs nationalistes qui y voient une forme de dénonciation à laquelle ils adhèrent.
Poungi divise donc très nettement les lecteurs, on adore ou on déteste. En tout cas l’auteur Bastien Chanmax ne laisse personne de glace. (pingouins, glace, aaah humour... non? toujours pas ?)
Cependant, cette critique bien que virulente dans le portrait de ce pingouin agressif, homophobe et misogyne, s’alimente en permanence d’une réelle affection pour le personnage dont les déboires amoureux et la candide naïveté inclinent à l’attachement. La maladresse et l’impulsivité de cet anti-héro de la banquise et de ses compères n’entache pas quelques belles démonstrations de sentiments qui relativisent habilement la caricature. L'auteur évite ainsi de sombrer dans le mauvais goût de la revendication et se détache d'un véritable parti pris. Ces scènes urbaines se présentent alors comme un sympathique patchwork humoristique où tout le monde trouve son compte (ou son con) et où les racailles ne sont finalement pas les seules à en prendre pour leur grade.
Et vous ? Ca vous fait rire ?