Invité numéro 44 : Wandrille
Posté par We Do BD
Encore une interview où l'on se marre bien aveccelle du très sympathique Wandrille !
Comment as-tu commencé à dessiner ?
Comme tout le monde, je dessine depuis tout petit, et comme tous ceux qui s'en sont fait une passion, le goût et la curiosité étant venu, j'ai continué à produire... J'ai du faire mes premières bd en cm2. Bon, à partir de l'année suivante, je me suis arrêté aussi sec parce que je suis tombé sur des connards doués qui m'ont coupé les ailes, mais je continuais en douce...
Donc je me suis contenté d'illustrer mes cours et mes agendas dans l'ombre des stars jusqu'à ce que je rentre en fac de droit. Là, j'ai intégré une association de fouteurs de merde, les regrettés "Fils de la Pétaudière" qui s'exprimait essentiellement par le dessin, et il a bien fallu s'y remettre plus sérieusement.
As-tu suivi des cours de dessin ou une formation artistique ?
Oui, en parallèle à ma maîtrise de droit, je me suis inscrit en prépa artistique, et j'ai présenté les concours des grandes écoles d'art. Et puis j'ai intégré les Arts Déco Paris, et voilà, alors ça, c'est fait.
"Au travail" présente d'une part le travail de strip que j'ai réalisé quotidiennement pendant un an et demi et puis aussi ce que je fais depuis :
des illustrations, des planches de recherche, des planches de bd autobio ou pas...
Maintenant, mon blog me sert surtout à expérimenter de nouvelles techniques et à publier mes essais de planches. Je m'en sers aussi de plate-forme pour annoncer quand je joue le one-man show que j'ai monté entre-temps.
C'est un peu devenu n'importe quoi, ce blog. Mais c'est ça qui est bien.
Comment en es-tu venu à blogguer ?
Au départ, j'ai commencé à faire des pages de strips que j'envoyais à quelques amis par mail. Je faisais une page par jour, mais au fur et à mesure, ma mailing-list s'agrandissait et je passais plus de temps à mailer qu'à dessiner. Sans compter que je faisais ça entre midi et deux au boulot (je suis graphiste). C'est d'ailleurs pour cela que mon blog s'appelle "Au travail". C'est l'affreux Moma qui m'a fait découvrir le système des blogs, qui, il faut le dire, m'a bien simplifié le boulot. J'ai donc continué à faire mes strips quotidiens, et puis, après avoir bouclé trois "saisons" (qui ont été adaptées en 3 albums), j'ai décidé de passer à autre chose.
Quel est ton objectif premier quand tu bloggues ?
Le regard extérieur. Rien ne me tue plus que de faire un truc et de ne pas le montrer. L'idée d'avoir un public, même petit, c'est extrêmement motivant. En fait, le blog est une motivation pour produire. Quand je ne fais rien pendant plusieurs jours de suite, et dieu sait que ça arrive, je déprime, alors là, hop, une planche et ça repart...
Quel était ton public cible au démarrage ?
Comme je le disais, au départ, mon public cible était ma mailing-list de pote, soit une centaine de personnes... Maintenant, les gens que je vise sont de la même mouture : Ce sont des gens d'horizons divers, cultivés et fins, socialement supérieurs... comme moi.
Quels sont tes lecteurs aujourd'hui ?
Mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs. Tout le reste a déserté, je vis dans une grande solitude morale, mais la certitude de travailler pour l'élite me tient debout.
Combien de temps passes-tu sur tes notes (par jour/par semaine) ?
Pas la moindre idée, ça dépend des semaines, parfois de 2 à 5 heures, parfois 10, parfois zéro.
Est-ce du matériel fait exprès pour le blog ou un carnet de croquis scanné ou des trucs repris ailleurs ?
C'est souvent du matériel fait exprès pour le blog, de temps en temps du matos de communication fait, entre autres pour le blog (affiche de mes spectacles, annonce de dédicace...) et parfois ce sont des trucs fait pour ailleurs, des commandes d'illustrations, des trucs comme ça.
Comment les réalises-tu ? (crayonnés, palette graphique, aquarelle...)
Pareil, ça change beaucoup. Les strips étaient dessinés sur illustrator à la souris (j'aime pas la palette), parfois, c'est de la peinture rehaussée de crayon de couleurs, parfois c'est de l'encre et c'est colorisé à l'ordinateur, j'ai aussi mis des planches de gravure sur bois...
Quelles sont tes influences graphiques (BD ou artistiques) ?
Hou, vaste programme. Ce serait mentir que de dire que le travail de Trondheim Lewis n'a eu aucune influence sur le mien, je suis aussi en admiration devant des types comme Guibert ou Larcenet, Tom Gauld est pour moi un maître du minimalisme, mais si je devais citer un vrai grand modèle, c'est évidemment le grand Goscinny qui a la palme.
En fait, je me sens plus scénariste que dessinateur au fond de moi (certains diront "ça se voit" et je leur réponds "je vous enmerde, tas de cons"). Pour moi, l'important, c'est de raconter. J'ai d'ailleurs fait un paquet de scénarii pour différents couillons qui se sont tous débinés, mais un jour je me vengerai et ça devrait faire très mal.
Combien de temps passes-tu à lire les blogs des autres ?
Heureusement assez peu de temps, ma mégalomanie rampante me mettant à l'abri de regarder les saletés des autres connards.
Quels sont ceux dont tu es le plus fan ?
Je ne suis pas vraiment "fan" de blog. A l'occasion, je lis avec plaisir ce que font Gally, Monsieur le Chien, Ottoprod ou, bien sûr, Everland. Je vais aussi en maraude chez Dérapage Comix, sur le blog de Larcenet et sur les blogs des gens que j'ai eu la bonté de mettre en lien.
Bon, si, le blog "Chicou chicou", je suis très fan.
As-tu rencontré des gens grâce aux blogs ?
J'aimerais dire "non personne, tous des connards", mais dans les faits, j'ai rencontré pas mal de monde, dont Monsieur Le Chien et son physique ingrat, ou Marshall Jo et Damprémy Jack... Il faut dire que le fait d'être aussi éditeur m'attire bien des sympathies intéressées, ce qui est, somme toute, un à côté non-négligeable au boulot que représente les éditions WARUM.
As-tu une anecdote particulière liée aux blogs ?
Là comme ça, non.
Si, tiens, un des premiers soirs, où j'ai joué mon spectacle, j'ai reçu un mail par l'intermédiaire de mon blog d'un garçon qui me disait qu'il était rentré chez lui, le sourire aux lèvres grâce à moi. Je venais de retrouver mon atelier après le show, il était deux heures du matin, il l'avait écrit en rentrant directement. Au-delà de l'immense plaisir que ça m'a fait, je me suis dit "hé mon Wandrille, il va falloir t'y faire, tu vas en recevoir des paquets des mails comme ça, maintenant."
Et bien non, plus jamais cela ne s'est reproduit.
Es-tu sensible aux commentaires ?
Très. Pas tellement par rapport au côté positif ou négatif, comme je l'ai dit, je m'en fous un peu, je suis mégalo. Juste, ça me permet de voir réagir les gens, et c'est ça qui m'intéresse. Si j'avais trois fois plus de visite et aucun commentaire, ça me ferait bien chier.
D'ailleurs, de temps en temps, je laisse des notes un peu provoc', juste pour déclencher le commentaire. Je suis machiavélique, hin hin hin...
Qu'est-ce qui te plait le plus dans les blogs ?
Toucher le public, y compris de parfaits inconnus.
Qu'aimes-tu le moins dans les blogs ?
Le communautarisme, les gens qui se passent de la confiture à longueur de temps les uns sur les autres et l'anecdotisme. Les gens qui écrivent que ce matin ils ont mangé une tartine de chocolat, hé ben, je sais pas, faudrait les pendre, un peu, pour leur apprendre. Je préfère ne rien mettre sur mon blog plutôt que ça. En même temps, ce matin, j'ai mangé une tartine de chocolat, et ça fait longtemps que j'ai pas posté...
A ton avis quel est l’avenir des blogs ?
Voilà une bonne question... Je vois un mariage très prochain, je vois une promotion professionnelle, je vois une grande maison pleine d'enfants... ça fera 100 balles.
Que penses-tu des flux RSS ?
Rien, je n'ai jamais trouvé une personne capable de m'expliquer ce que c'était et comment ça marchait. Ça doit être un truc très couillon, mais, dans l'absolu, je m'en fous.
Et en dehors des blogs où peut-on voir ton travail ?
En album, aux éditions WARUM et peut-être ailleurs un de ces jours prochains. Dans des expos et sur certains sites de clients. Sur les scènes parisiennes aussi, dans les cafés-concerts. Sinon dans votre poubelle ou dans vos toilettes avant de tirer la chasse, vous aurez parfois une image de l'essentiel de ma production.
As-tu des albums, si oui ? Peux-tu les présenter ?
- "In love with Mauricette" (seul comme les pierres Tome 1) soit ma loose sentimentalo-sexuelle de l'été 2004.
- "Ta gueule de l'emploi" (seul comme les pierres Tome 2) soit ma loose professionnelle de tous les jours.
- "In love with Internet" (seul comme les pierres Tome 3) soit une présentation du monde des sites de rencontre sur internet, la solution aux problèmes rencontrés dans le tome 1
Il y a eu aussi plein de petites microproduction aux éditions Pierre Papier-Ciseaux, des trucs un peu introuvables que je faisait pendant les Arts Déco ("Sans a priori et en toute bonne foi","seul comme les pierres" tome 0, "Londres 1870" et "L'Arbre aux pendus") .
Et enfin, "Les pages noires" mon album fantôme, qui doit, depuis deux ans, sortir au Drozophile, si je m'occupais de boucler les planches au lieu de répondre à une interview débile.
Un dernier mot ?
Télégraphe.